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Ka3eb 3aleh : le nouveau bijou du Théâtre Monnot
(13/01/2014) Le mois de décembre s’est annoncé riche en culture au Liban, surtout au Théâtre Monnot. Publicités, Facebook, Twitter, medias, etc… se retrouvent tous mobilisés et intéressés par un et unique évènement qui ne peut être que la pièce de théâtre, Ka3eb 3aleh (Talon Haut) de Jacques Maroun, metteur en scène libanais. Cette dernière est l’adaptation scénique de la pièce de Theresa Rebeck, Spike Heels, interprétée par les acteurs libanais Ammar Shalak, Talal El Jurdi, Rita Hayek et Nisrine Abi Samra.
L’histoire raconte la vie que mène une femme, Georgie (Rita Hayek), issue d’un milieu pauvre et qui essaie de gravir les échelles sociales pour atteindre l’apogée. Sauf que cette envie lui coute cher, parce qu’elle se trouve victime d’un harcèlement sexuel auprès de son boss, Eddy (Ammar Shalak), et comprend ensuite que, pour arriver vite, il suffisait d’exhiber ses charmes de belle jeune femme.
Entre la société et l’amour éprouvé envers son ex-professeur de langue arabe André (Talal El Jurdi), il existe un vrai écart. Ce dernier essaie de faire d’elle quelqu’un de bien, tente de ne pas la laisser tomber dans le désordre et l’instabilité qu’incarne le personnage d’Eddy, rôle superbement joué par Ammar Shalak. On a donc l’impression qu’André est conforme aux règles qu’impose la société.
Mais choisir entre les deux rend Georgie très nerveuse et colérique : pas seulement parce qu’elle a mal aux pieds à cause des talons, ni parce que le chauffard du ‘service’ est très con, mais parce qu’il y a un réel choix, une réelle responsabilité à assumer. Cette tension, vécue sur scène, est transmise à la salle également. Le spectateur se trouve coincé entre le choix de rester dans la conformité, ou celui de ressortir tout ce qui constitue ses instincts et de faire face à sa sexualité longtemps reniée. La problématique sociologique du surmoi et du ça prend ainsi le dessus.
Cela est davantage plus clair à travers le personnage de Lydia (fiancée d’André, issue de la haute société bourgeoise, rôle interprété par Nisrine Abi Samra), qui après avoir méprisé Georgie, devient son amie et lui prête même ses vêtements. Cela, parce que Georgie par hypothèse, ne peut qu’être la projection du désir de Lydia, celui de mener une vie libertine et sans contrainte, un peu comme celle de sa nouvelle amie.
« Je n’ai pas fait de sexe, il y a bien longtemps » évoque Lydia sur scène.
Lydia a de l’argent et un haut niveau social. Et Georgie a une liberté de penser et d’agir. Chacune a ce que l’autre n’a pas. C’est même peut-être par complémentarité qu’elles deviennent amies.
Rita Hayek et Nisrine Abi Samra ne racontent pas par leurs jeux superbes l’histoire de Georgie en tant que telle, mais exposent un fait social.
Pour finir, pourquoi ‘Ka3eb 3aleh’ ? C’est peut-être parce que ce ‘ka3eb’ lui donne une belle taille, qui l’aide à séduire son riche boss, donc des gens de la haute société.
Mais ce même ‘ka3eb’ n’est peut-être que l’échelle sociale qu’elle devrait gravir pour arriver à ce qu’elle désire et sortir de son milieu pauvre et misérable.
Jacqueline Harb.