(29/07/2013) Vous rencontrez beaucoup de gens dans la vie, mais peu d’entre eux vous marquent…..
C’est un peu mon cas…. Sauf que j’ai pu faire la connaissance d’une personne dont la rencontre se place sous cette même étiquette : rencontres marquantes.
Abed- El- Rahman, jeune Syrien âgé de 27 ans est un des réfugiés parmi tant d’autres qui habitent le village dans lequel je passe mes vacances. Je lisais dans ses yeux une tristesse très profonde, une nostalgie, mais surtout une impuissance. Je lui ai adressé la parole et lui ai demandé si son village natal syrien s’éloignait des bombardements….. Et je n’ai vu que des larmes tant retenues coulant de ses yeux. Il m’a raconté qu’il avait perdu des membres de sa famille qui étaient au front. Il m’a même raconté (à ma grande surprise) qu’il était ingénieur pétrolier ayant fini ses études à l’université de Damas…. « khams snin sahar w dares raho diaan » disait-il. Il maitrise l’arabe et l’anglais et arrive à comprendre quelques phrases de français. Il affirme qu’un jour, ses études pourraient peut-être servir à quelque chose pour le bien de son pays…. un jour….en revenant dans son pays natal.
Et ses larmes coulaient toujours, et lui s’excusait toujours de me les montrer. Je lui ai demandé ce qu’il travaillait ici au Liban, il m’a répondu avec peine qu’il passe son temps chez un menuisier qui lui donne à peine 20 000 L.L par jour et fait même des travaux ménagers s’il se sent en pénurie.
Abed- El-Rahman, j’écris ces phrases pour toi, pour te remercier. Oui, te remercier. Tu m’as fait revenir à l’essence de mon être, tu as touché le plus profond de moi-même.
Tes larmes ne sont point honteuses, mais sont les larmes de tous, NOS larmes. C’est notre tristesse, notre souffrance, notre compassion que nous n’avons pas toujours le courage de montrer. C'est ton identité d’être humain avant d’être Syrien qui s’affirme et qui s’est affirmée en moi aussi. Bref, merci encore.
Ta rencontre et cet article sont aussi une belle occasion pour moi de vouloir espérer le meilleur pour le peuple syrien, et surtout le redressement pour la Syrie. Ton cas Abed-El-Rahman est celui des milliers d’autres comme toi, malheureusement, attendant que ce pays revienne une source culturelle, une richesse historique et une œuvre arabe qui fait part de ce monde oriental. Si la Syrie pouvait revenir…..
Une pensée pour toi chère Syrie, et chers frères syriens…
Jacqueline Harb
